mardi 27 janvier 2009

TomTom : Compte-Rendu d'un Licenciement Economique



Le ciel s'assombrit

Profits en chute libre. Renégociation de la dette. Pas d'augmentation de salaire. Plan de licenciement. Les mauvaises nouvelles sortent en rafales de la bouche du PDG. Ce matin, jeudi 22 janvier 2008, la présentation devant tout le personnel ne détaille pas les courbes de croissance d'une compagnie conquérante. Pas de graphiques colorés de la profitabilité de chaque division, de notre progression dans les marchés nord-américains ou émergents. Le PDG assène seulement les faits, et les faits sont brutaux : la priorité est à la réduction immédiate des coûts. Lorsque l'écran dévoile les détails du plan, la foule est parcourue de murmures : 115 suppressions de postes (soit 7% des effectifs ) en priorité les contrats temporaires, qui coûtent moins cher à licencier. Pour moi, pour Alex, Piotr, Javier et beaucoup d'autres, l'avenir au sein de TomTom s'annonce soudainement beaucoup plus incertain.

Réduction des coûts, mode d'emploi

Les modalités sont posées par le PDG : tout au long de la journée, un étage entier sera réservé pour des entretiens individuels avec les personnes "sélectionnées". Un court entretien avec le responsable du département concerné sera organisé, et au terme de la journée, après une brève transmission de nos connaissances et de nos avancées sur les projets actuels, on sera remercié. Le mot d'ordre officiel est que l'on est "relevé de nos obligations" immédiatement afin de faciliter la recherche d'emploi. Bien sûr, l'employeur continuera de verser le salaire jusqu'à expiration du contrat.

Déroulement d'un Jeudi Noir à TomTom

Tout le monde retourne donc à son poste de travail, et peu après, les festivités commencent : il y a là une employée des ressources humaines avec un gros dossier qui s'avance et chuchote quelque chose à notre manager. Il appelle alors Piotr, qui comprend de suite qu'il vient de perdre son job. Tout le monde travaille en Open Space, et donc tout le monde assiste muet à ce spectacle sinistre. Piotr descend alors avec la femme avant de revenir 20 minutes plus tard. C'est maintenant au tour d'Alex de suivre l'employée dans ce qui commence à ressembler à un simulacre de couloir de la Mort : plus personne ne travaille désormais, dans l'attente d'entendre notre manager prononcer notre prénom. Il y a pire - Piotr ne peut déjà plus accéder à son ordinateur, qui a été bloqué. On me dira plus tard que c'était par peur de représailles : la compagnie ne veut pas prendre le risque que l'on sabote des projets entiers en supprimant des fichiers. Voyant cela, je m'empresse de sauvegarder toutes mes données personnelles sur mon disque par précaution. Tous les collègues sont maintenant autour de Piotr, qui doit faire ses affaires et partir. De transmission de connaissance il n'y aura point, contrairement à ce qu'affirmait le PDG.

C'est mon tour

Nous sommes donc tous debout, lorsque notre collègue des RH revient et murmure à l'oreille de notre manager, qui hoche la tête vers ma direction. Où est-ce quelqu'un d'autre? Il y a beaucoup de monde derrière moi. Mais un deuxième hochement me confirme que c'est bel et bien moi l' "élu". Je suis donc l'employée des RH au 2ème étage, là où les "entretiens" ont lieu. Il y a là un gardien de la sécurité qui fait des rondes. Serait-on des criminels ? J'imagine que cela relève aussi d'un principe de précaution. Tout cela a été organisé avec une froide et surprenante efficacité. C'est maintenant le temps du face-à-face avec le manager, qui bien entendu me dit qu'il est "désolé" de ne pas pouvoir faire autrement, que je suis un bon élément et qu'il me souhaite bonne chance pour ma carrière professionnelle. J'ai quelques questions à lui poser avant de revenir à mon étage où mon ordinateur a été en effet déjà bloqué. Tous mes collègues m'entourent pendant que je fais mes affaires et ils ont vraiment une mine déconfite, alors que j'essaie de garder ma bonne humeur. Je dis au revoir à tout le monde en leur disant à quel point j'ai apprécié de travailler avec eux (ce qui est vrai, la plupart sont intéressants et enthousiastes pour leur job). L'employée des RH m'escorte jusqu'au moment où je rends mon badge à l'accueil. Alex, Piotr et Javier sont déjà là : on est tous avec nos sacs plastiques remplis avec les papiers du bureau, on a vraiment l'air de vagabonds ! Avec un dernier regard en arrière, on quitte le bâtiment : l'épopée TomTom est désormais derrière nous ...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello!

(Sorry for writing in English, but my french is not that good at the moment; I studied it at school, mais je n'ai pas d'experience pendant 14 annes, et j'oublie tous le mot)
I was working for TomTom for just a bit. I joing the team on Jan, 14 2008. From my experience (more then 9 years of development in variouse areas: http://www.reznitsky.info/about/cv.txt ) it was the worst job. I've never seen more unprofessionalism in development, passion to make sharesholders happy, complete mess in HR, hiring anyone... That was awful! Actually, I made a decision to leave TomTom in February (yes, in 3 weeks after I joined the company). I had to spent a bit more time to go through all immigration procedures, etc. That was enough! No more that cr#p. I even made a bet with Kees W. that the company will ruin in 4 years (we even have an appointment in google calendar for June, 2012). I'm sure that it'll go down.
And here's a bit more details from my e-mailing (The whole blog is in my native language, Russian and the following link is to a quotation from farewell e-mailing in English)

http://rezdm.livejournal.com/118596.html#cutid1